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Emmanuel Macron bradera l’industrie et la France   

Par Francis Journot  Publié le 05/05/2017

Emmanuel macron 27 aout 2014

Le sens de l’État et de l’intérêt général semble de moins en moins peser dans les choix politiques. Notre pays est depuis quatre décennies, progressivement privé de ses prérogatives et dépossédé d’intérêts stratégiques mais le modèle économique proposé par Emmanuel Macron peut nous faire craindre le pire.  

 

Industries du futur contre industries d’hier ? 

Lors des précédentes campagnes, les futurs présidents ont toujours affiché une ambition industrielle, sincère ou feinte, mais le poulain décomplexé de François Hollande ne cache pas son dédain pour l’industrie française. Il oppose une industrie selon lui d’hier à une industrie du futur que d’hypothétiques start-up pourraient créer.

La dédaigneuse et récurrente assertion selon laquelle nous devrions considérer les industries manufacturières des biens de consommation comme dépassées, est significative d’une volonté obstinée de condamner à la disparition celles-ci, ainsi qu’une classe ouvrière qui boude le PS depuis les mandatures de François Mitterrand.  Ce postulat ou dogme du libre-échange dérégulé, invoque généralement un manque de compétitivité qui par ailleurs n’est pas toujours avéré si l’on tient compte des coûts cachés. Il ne repose guère sur un fondement économique sérieux si l’on considère le déséquilibre de notre balance commerciale, le poids de l’impôt et des cotisations, qui repose désormais sur un nombre de plus en plus restreint de salariés et d’entreprises qui subséquemment, sont de moins en moins compétitives, le coût d’un chômage qui plombe maintenant toute l’économie, l’augmentation des déficits et de la dette. 

Mais les entreprises high-tech performantes ne sont pas davantage à l’abri de la vente et de la délocalisation de leur activité. Lors de son passage à Bercy, Emmanuel Macron a favorisé la vente du stratégique pôle énergie du fleuron industriel Alstom (65 000 salariés) à l’américain General Electric (GE), celle  du leader mondial des télécoms et réseaux Alcatel-Lucent (62 000 salariés) à Nokia et la fusion du spécialiste de l’ingénierie pétrolière et gazière Technip (37 500 salariés) avec le texan FMC et le déménagement du siège à Londres. Des vagues de licenciement sont en cours et des sous-traitants s’apprêtent à fermer. 

Austérité, blocage du pays puis braderie de l’industrie, l’histoire pourrait se répéter    

Emmanuel Macron a déjà promis à Angela Merkel de rester en dessous du plafond de 3 % de déficit budgétaire et d’appliquer les mesures d’austérité conformes aux grandes orientations de politique européenne (GOPE) mais l’histoire pourrait se répéter.

L’ancien conseiller de l’Elysée pourrait être confronté à des difficultés telles que celles rencontrées par Alain Juppé sous la présidence de Jacques Chirac. En septembre 1995 le premier ministre s’engageait auprès de Bruxelles à ramener en 2 ans le déficit public à 3 % du PIB mais en décembre près de 2 millions de français descendaient dans la rue pour protester contre son plan d’austérité.

Afin de respecter la limite de déficit imposée par le traité de Maastricht, Il tentait de  renflouer les caisses en bradant une part de l’industrie française. Mais la privatisation du joyau Pechiney (aluminium) ne rapportait que 3,8 Mds de francs à l’État. Usinor-Sacilor n’était vendu que 10 Mds alors que le développement et les sauvetages successifs de la sidérurgie avaient couté plus de 100 Mds de francs aux contribuables français. Puis la première compagnie maritime française (CGM) était cédée pour seulement 20 millions après que l’Etat ait injecté 1,2 Md. Alain Juppé tentait en vain, la même année, de vendre au Sud-Coréen Daewoo, pour 1 franc symbolique, le fleuron technologique national Thomson après une recapitalisation de l’Etat à hauteur de 11 Mds de francs. 

Gestion budgétaire à la petite semaine 

La dette publique de la France s’élève  à  2 200 Mds auxquels il convient de rajouter les engagements hors bilan de l’Etat dont le montant dépasse 3 000 Mds d’euros. Selon une communication de la Cour des comptes au Sénat, fin 2012 un engagement de 1679 Mds concernait les pensions de retraite des fonctionnaires, personnels des armées et agents de la poste et 1 400 Mds relevaient de garanties financières à destination d’acteurs économiques. Par ailleurs, le paiement des intérêts de la dette (charge de la dette) qui avoisine 50 Mds d’euros depuis quelques années, constitue souvent le premier ou deuxième poste de dépenses de l’État. Lorsque l’on ajoute un remboursement annuel moyen de capital de 100 Mds, les annuités (service de la dette) atteignent 150 Mds d’euros soit l’équivalent de la totalité de la dotation annuelle de l’éducation, défense, santé, emploi, justice, etc.   

Il est certain que la vente de quelques participations de l’Etat dans les entreprises ne désendetterait pas notre pays de façon significative, n’assurerait guère la sauvegarde de notre modèle social et ne nous exonérait pas non plus de l’austérité. Seul un changement de paradigme économique le permettrait.   

Cependant, le nombre de cessions ne faiblit guère. Pour exemple, la loi Macron d’aout 2015 a permis la privatisation de plusieurs aéroports. Ainsi l’Etat français a cédé au consortium chinois Casil, 49.9 % du capital de l’aéroport Toulouse Blagnac pour un montant de 308 millions d’euros. Désormais, conformément au pacte d’actionnaires, le conglomérat chinois contrôle le quatrième aéroport régional français dont il est maintenant accusé d’en piller les réserves. La privatisation des aéroports  de Lyon et Nice a rapporté 1.76 Md d’euros et l’Etat a encore récolté 738 millions d’euros lors de la vente de 9.5 % des parts des aéroports de Paris (ADP) puis à la fin de l’an dernier Bercy avait même envisagé la cession de la moitié des 51 % encore détenus.

Aussi on peut redouter, après la dilapidation d’une part importante de notre patrimoine au cours des dernières années, que l’ancien banquier d’affaires ne vende au gré des sollicitations de la Commission européenne et à tour de bras, d’autres biens de la collectivité dont une majeure partie des 100 Mds d’euros de participations de l’état dans des entreprises parfois stratégiques, toujours plus d’immobilier, le reste de notre réserve d’or et peut être à l’instar de la Grèce, des ports maritimes, des forêts, des terres agricoles ou des sites culturels et historiques.

Francis Journot tient le site Collectivité nationale. Il est membre du mouvement Rendez-nous notre industrie  et de l’association Vêtements made in France   

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