Les innombrables rapports, colloques, états generaux et sondages se succèdent....

 

Parmi les ministres successifs, certains, animés par beaucoup de bonne volonté, ont parfois cherché sincèrement des solutions, mais ainsi qu’en témoignent l’état de notre industrie, l’accélération des délocalisations et le nombre d’emplois détruits, il est évident que les réunions et les rapports ont été peu suivis d’effets et n’ont pas permis d’enrayer notre désindustrialisation..

-Les rapports fournissent souvent un intéressant état des lieux du secteur du textile et de l’habillement ou du travail à façon mais ne semblent pas avoir occasionné de mesures revitalisant la profession.

- Les colloques sont le plus souvent organisés, quelque soit le secteur de l’industrie, autour des principaux dirigeants d’entreprises et présidents des fédérations professionnelles, généralement eux-mêmes également industriels et fréquemment grands bénéficiaires de la mondialisation. La plupart d’entre eux assistent à ces réunions évidement pour défendre leurs intérêts particuliers et ne se sentent pas très concernés par le devenir de l’industrie française. 

Il est permis de s’interroger sur leurs intentions et sur une éventuelle volonté de manipuler les pouvoirs publics qui, on le comprends, ne sont pas toujours experts dans tous les secteurs de l’industrie et sont bien obliges de croire les représentants autoproclamés des secteurs industriels concernés.

Parmi ces industriels, certains ont déjà délocalisé tout ou partie de leur production depuis une ou deux décennies et provoqué la disparition des derniers sous traitants en les privant de travail. Ainsi, bientôt on ne pourra plus leur reprocher de ne plus produire en France.Leur participation à ces colloques organisés par l’état, leur offre une reconnaissance providentielle et inespérée.

En 2002, Guillaume SARKOZY, fervent partisan des délocalisations, Président de l'UIT (Union des Industries Textiles), Vice-president du MEDEF et dont le frére, Nicolas SARKOZY occupait alors, le poste de Ministre de l'Economie , déclarait "Je suis fier d'être un patron industriel qui délocalise, assez de faux semblants: la perte d'emploi, la destabilisation industrielle, c'est normal, c'est l'evolution." (L'Expansion 28/11/02). A la lumiere de cette déclaration, on comprends pourquoi l'industrie francaise du textile-habillement s'est delocalisée aussi rapidement !                                 

Les nombreuses missions de communication, de développement ou d’innovation, financées par l’argent public et confiées à des fédérations ou des entreprises déjà impliquées dans un processus de délocalisation et possédant des représentations en Chine, fournissent des moyens supplémentaires aux inconditionnels partisans de la mondialisation et accélèrent encore davantage la délocalisation de l’industrie française avec la bénédiction de pouvoirs publics qui ne semblent pas  toujours conscients de cela. . . 

- Les EGI (états Généraux de l’Industrie) qui nous apparaisent plutot comme des états géneraux de la desindustrialisation, ont redéfini une nouvelle politique industrielle de la France et placé le numérique et l’éco industrie en tête de cette stratégie.

Pourtant, comme chacun le sait, les composants électroniques et la plupart des articles technologiques sont majoritairement fabriqués en Chine. Pour exemple, il y a 10 ans, 1/3 des GSM européens étaient fabriqués en France et aujourd’hui aucun téléphone mondial n’est fabriqué en France et les exemples sont innombrables.

Chaque année 350 000 nouveaux ingénieurs souvent très compétents dans le domaine des nouvelles technologies, sortent des écoles indiennes et il sera très difficile de rivaliser dans le domaine des logiciels et contenus numériques.

Dans le domaine de l’eco industrie, 90 % des panneaux solaires sont fabriqués en Chine.

En confection de l’habillement nous pouvons au moins nous prévaloir d’un savoir- faire historique et cela peut nous permettre de récupérer de l’activité industrielle, contrairement à la fabrication de circuits imprimés, de panneaux solaires ou autres produits technologiques..

On peut noter que les EGI ont déjà enterré l’industrie du textile et de l’habillement, celle-ci ne figure pas dans la liste des industries prioritaires et se trouve remplacée par la création et le luxe ! 

Cela démontre une indifférence générale des participants aux EGI face à la délocalisation de la confection d’habillement et on ne peut que constater une volonté générale d’en finir avec ce secteur industriel.

Evidemment, lorsque toutes les usines seront fermées on ne verra plus les images télévisées embarrassantes et peu glorieuses pour le pays de la mode, d’ouvrières licenciées manifestant contre la délocalisation de leur travail.

Chacun sait que le secteur de la mode de luxe délocalise discrètement et progressivement mais aussi rapidement que possible. Le secteur du luxe se sert de l’image de prestige de la France mais ne crée plus d’emploi à l’intérieur de nos frontières

Il n’y a aucune commune mesure entre une industrie qui occupait autrefois 1 million de personnes et le secteur de la mode de luxe qui n’emploie que quelques milliers de personnes en France.

L’emploi ne fait pas partie des priorités des quelques groupes propriétaires de marques et actionnaires qui ne songent qu’à s’enrichir démesurément avec des marges bénéficiaires indécentes. Deja, dans un article de challenge.fr du 28/06/2007, Maxime KOROMYSTOV, Professeur à l'Institut Commercial de Nancy, specialiste des délocalisations dans le luxe, devoilait : "le champ des marques de luxe "Authentiques" se reduit comme peau de chagrin. La part  de la production délocalisée reste cependant impossible à chiffrer, 30 % ? 60 % ? 70 %, voire plus ? Les estimations varient enormement selon le segment d'activité concerné". 

La création qui ne représente que quelques milliers de professionnelles en France dont un nombre croissant travaillant en Asie, ne constitue pas à elle seule une industrie mais seulement une composante de l’industrie de l’habillement.

Les EGI qui ont produit un document de 42 pages, n’ont, semble t-il, non seulement pas permis de générer’ des propositions concrètes pouvant offrir des perspectives de développement à notre pays mais au contraire, exclu des industries de leurs priorités, les condamnant ainsi un peu plus à la disparition.

Les EGI concluent sur 2 recommandations : créer un observatoire du financement de l’industrie et attendre que les établissements bancaires soient en phase de sortie de crise ….

Dans leur ensemble, les pistes déterminées sont assez vagues et plus incantatoires que réalistes et il est hélas, peu probable que les propositions des EGI permettent de créer de la croissance et de l’emploi.

- Sondage

Un sondage TNS-SOFRES commandé par le Ministère de l’Economie, de l’industrie et de l’Emploi, publié en avril 2010, confirme l’intérêt de nos concitoyens pour la fabrication française.

- 88 % des français estiment que les entreprises françaises doivent produire en France pour soutenir la croissance et l’emploi

- 85 % considèrent que le rôle de l’état est d’encourager les entreprises à produire en France

- Que les vêtements soient produits en France compte dans la décision d’achat pour 74 % des personnes interrogées.

Maintenant nous disposons d’un sondage qui nous confirme que les français préfèrent les vêtements de fabrication française et nous en sommes ravis, mais dans la pratique quelle est l’utilité de ce sondage ?

Ce sondage d’avril 2010 aurait du convaincre nos interlocuteurs du gouvernement d’aider notre projet de fabrication française de vêtements mais cela n’a rien changé.

Aujourd’hui il n’y a aucune offre de vêtements de fabrication française à prix abordable et si le projet " chic & branché " ne se concrétise pas, il est peu probable que les consommatrices aient un jour le choix de s’habiller " made in France ".

                                                                                            Francis Journot

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